Chers amis de VSF

Ma navigation France > Dakar

Plus de 4 mois que je suis parti, déjà 4 mois sur mon année sabbatique….riches en émotions, en rencontres…
Deux mois à faire des ronds en méditerranée, entre la cote d’Azur et la Corse…

J’en ai profité pour faire connaissance avec mon bateau : entretien et réglages gréement, réparations et consolidations de voiles, réparation annexe, problème alternateur (le début), régulateur d’allure (le début)

Fin Aout, petite fête à la Grande Motte avec « Voiles Sans Frontières » (3 bateaux au départ de Méditerranée pour le Siné Saloum) puis c’est le « grand départ » plein sud avec à bord un équipage réduit composée de Joce (une amie de Communay) et de Gwen (équipier sur le site VSF) ,et deux balises Argo que je dois lâcher au large du Brésil,  petites étapes côtières, peu de vent , très peu de vent , on arrive péniblement à Barcelone qu’on visitera tranquillement.
Je repars seul pour un petit périple de Barcelone à Malaga via les Baléares pour une quinzaine de jours : le régulateur d’allure m’aide bien à gérer mes périodes de sommeil mais déjà je prévois quelques améliorations techniques. J’arrive à Malaga « just in time » pour retrouver avec un peu d’appréhension Thomas et Pierre (25 et 27 ans), 2 équipiers trouvés sur une bourse aux équipiers Internet pour le trajet Malaga / Dakar. Appréhension car j’aurais préféré les rencontrer avant. Mais heureusement, le hasard a bien bien fait les choses.

Nous partons aussitôt pour Gilbratar et son détroit : la traversée du détroit se révèle beaucoup plus compliquée que prévu malgré nos calculs, pas facile en raison des forts courants dus à la  marée, il nous faudra la journée pour sortir de cet « entonnoir ».

Enfin l’Atlantique est face à nous avec toutes ses promesses de chauds alizés réguliers et de houles tranquilles.  Avec de bonnes jumelles, il semble qu’on distingue déjà la statue de la Liberté …Coté vent, pas de bol, on subit une semaine de pétole avec de grosses chaleurs, une eau à 28°C , elle aussi trop chaude ! On rencontre de nombreux bancs de dauphins qui viennent jouer et danser autour du bateau. Autre consolation, la pêche nous réussit et on attrape en moyenne quasi un poisson par jour, satisfaisant ainsi nos besoins en protéines.
L’ambiance à bord est très bonne, les deux « jeunes » sont autonomes en navigation et je dors sur mes deux oreilles pendant leurs quarts, c’est cool.
On arrive péniblement  aux Canaries après huit jours de mer (j’ose pas calculer la moyenne), une étape loisir dans la petite ile de Graciosa (inhabitée), d’origine volcanique qu’on traverse à pied en quelques heures puis étape à la Marina d’Arrécife / Lanzarotte pour deux nuits.

Le temps de faire un peu de ravitaillement et on repart avec du vent cette fois qui ne nous quittera plus jusqu’à Dakar que nous atteignons le 9 octobre. Thomas m’annonce qu’il souhaite poursuivre la transat avec moi, je suis content, il est cool, avec une tête bien fixée sur les épaules, parfois un peu bavard mais bon… Je suis donc en avance d’une dizaine de jours par rapport au programme prévu et le démarrage de ma mission VSF dans le Siné Saloum ( le 28 octobre ). Mes 2 équipiers  débarqueront le temps de la mission et je mets à profit le temps qu’il me reste pour faire différents travaux sur le bateau , réparation du guindeau, nettoyage de la carène (sortie du bateau à l’aide d’un chariot , tiré par un treuil électrique ) et pose d’antifouling, etc …

Ma mission VSF

en mission dans le SaloumVSF (www.voilessansfrontieresorg) est une asso humanitaire et solidaire, créée il y a une vingtaine d’années par des navigateurs  qui voulaient donner du sens à leurs voyages en mer . Cette asso intervient dans les domaines médicaux, scolaires, logistiques… au Siné Saloum, région au sud du Sénégal, immense mangrove accessible uniquement en bateau. Mon bateau nous a permis de nous rendre sur place et ensuite de visiter les villages les plus proches, puis de se déplacer de nouveau chaque jour, de village en village. Le soir,  nous mangeons et dormons à bord. J’ai donc passé une dizaine de jours avec Nathalie (coordinatrice de mission) Joce , Dider, Fanch, Seydou (coordinateur local). Nous avons fait le point sur les nombreux partenariats scolaires en cours (26) entre écoles françaises et sénégalaises, rencontré de nombreux enseignants, chefs de village et autres responsable de case de santé. Un rythme assez soutenu, une chaleur étouffante….

Au global, je dirai que VSF fait localement un travail remarquable avec les populations sur des projets/besoins proposés par ces mêmes populations : nous sommes connus et attendus .
Les enseignants exercent leur métier dans des conditions difficiles, parfois déplorables avec une résignation et dévotion proches d’un engagement religieux, genre sacerdoce !

A Falia un unique enseignant pour 2 classes et 70 élèves de collège

Le constat est malheureusement toujours le même : en arrière-plan, la main invisible du FMI et de la Banque Mondiale imposent aux pays pauves et endettés des Plans d’Ajustements Structurels avec réductions des dépenses publiques dans plusieurs domaines comme l’Education ou la Santé… Sur le terrain, cela donne un collège de 2 classes à Falia construites par la population mais sans enseignants et sans matériel. Un principal a été nommé par l’Etat mais ce pauvre homme (au demeurant remarquable) attend ses collègues, des tables, des chaises, un accès à l’eau, à l’électricité. Les élèves, 70 enfants, sont inscrits et… patientent !

Les copines et les copains d’Attac Vienne apprécieraient ce véritable laboratoire à ciel ouvert que nous dénonçons à longueur d’années… Le gouvernement explique que 40% de son budget est consacré à l’éducation ….mais quelques milliards du précédent gouvernement se sont envolés…

Bon allez, je me calme, revenons à nos moutons ! D’ailleurs à propos de « moutons », je devrais en avoir ! les alizés sont installés et on devrait naviguer avec des vents forts et constants. Le bateau marche bien, les pleins sont faits : eau, avitaillement, gazole, …..il manque juste mes équipiers qui rentrent ce soir. Demain cap à l’ouest, je vous donnerai de mes nouvelles dès que j’aurai mis mes premiers pas sur la terre brésilienne !

A bientôt

Nicolas à bord de « Carine »

Finalement en Rhône-Alpes...