Laboratoire de dépistage de la tuberculose

La tuberculose est un problème de santé publique majeur en terme de mortalité et de morbidité en Afrique et au Sénégal. Le traitement est gratuit (pris en charge par l’Etat) mais il est nécessaire d’identifier les malades et de faire le diagnostic, par la recherche de la tuberculose à l’examen direct des crachats. Certains villages des îles du Sine Saloum sont très éloignés du centre de santé et le seul moyen de communication est la pirogue. Ces villages ne sont pas desservis tous les jours par la pirogue et l’essence coûte cher. Lorsqu’un cas de tuberculose est suspecté, le patient doit se déplacer à l’hôpital de Foundiougne afin d’effectuer un examen de crachats pour faire le diagnostic : pas d’examen positif, pas de traitement. Mais, le patient ne peut pas toujours se déplacer et le prélèvement de crachats se fait alors au poste de santé avec des conditions de recueil aléatoires. Le prélèvement est fréquemment conservé dans de mauvaises conditions en attendant son acheminement. Il va souvent arriver avec retard à Foundiougne faute de pirogue, il est alors ininterprétable.

Objectif : créer au poste de santé de Niodior un laboratoire de diagnostique de la tuberculose par la recherche de BK à l’examen direct des crachats, sous la responsabilité de l’infirmier chef de poste, formé à la prise en charge de la maladie tuberculeuse, et sous contrôle du médecin chef du district. Un technicien sénégalais sera affecté à ce laboratoire pour faire les examens qui pourront s’étendre à des examens courants de bactériologie, parasitologie et biologie. Ce projet bien avancé aujourd’hui dans son étude et dans son financement, suppose néanmoins au préalable, la construction d’un bâtiment complémentaire annexé à l’actuel centre de santé.

Pour en savoir plus… Proposal_dr_BKtéléchargement

Janvier 2013 : grâce aux dons de l’ensemble de nos partenaires (Association médecins de la côte d’Opale, Lycée St François Xavier de Vannes, soirée des contes patoisants), la construction de l’extension du laboratoire est achevée et l’électricité installée grâce au don de panneaux solaires de la Société Sentech. Le PNT (Plan National de lutte contre la Tuberculose) a fourni le microscope et le matériel nécessaire aux examens et une laborantine a été nommée. VSF a pris en charge sa formation et son salaire pendant la 1ère année, au terme de laquelle le laboratoire devra être autonome dans son fonctionnement.

Les villes de Dionewar et Niodior qui comptent chacune plus de 7 000 habitants, ainsi que d’autres villages comme : Falia, Siwo, Diogane, Bassar, Bassoul, Moundé, Thialane soit environ 20 000 personnes peuvent maintenant bénéficier d’un dépistage bactériologique rapproché.

Les bénéficiaires directs du projet sont les malades qui, une fois dépistés, seront mieux soignés et plus vite. Les bénéficiaires indirects sont l’ensemble de la population qui sera moins exposée à la contamination (y compris les jeunes enfants).

 

 

Décembre 2013 : 

Initié depuis 2008 à la demande des infirmiers de Niodior et Dionewar, le laboratoire de dépistage la tuberculose fonctionne maintenant depuis 6mois. Une laborantine formée au laboratoire de l’hôpital de Foundiougne puis à Dakar par le PNLT travaille dans ce laboratoire tout neuf et bien équipé.

Il permet par l’analyse des crachats :

-De faire le diagnostic de la tuberculose  pulmonaire, forme la plus répandue et la plus contagieuse, qui touche en priorité la population jeune.

-De faire bénéficier les malades dépistés du traitement antibiotique de 6 mois gratuitement prévu par le PNLT(programme national de lutte contre la tuberculose) sous la responsabilité de l’infirmier chef de poste ( ICP) et du suivi de la prise médicamenteuse.

En effet, si le diagnostic est important, le suivi du traitement l’est tout autant, car les malades quand ils vont mieux ont tendance à stopper le traitement trop précocement ce qui entraîne récidives et résistances aux antibiotiques, problème majeur de santé publique.

Les partenaires de ce projet avec Voiles Sans Frontières sont :

-Au Sénégal : le PNLT qui a fourni le microscope et les consommables nécessaires aux analyses, la région de Fatick, le district de santé de Foundiougne, l’ICP et le comité de santé de Niodior, la communauté rurale de Dionewar.

– En France : L’association des médecins généraliste de la côte d’opale qui a participé au financement du bâtiment. Les collégiens du collège St François Xavier de Vannes ( marche solidaire) et le groupe patoisant de Berck « tin souviens tu » (spectacle) qui ont financé la formation et la rémunération de la laborantine pour la première année.

La mission A de novembre 2013 avec Nadine Alphaize technicienne de laboratoire est allée sur place pour évaluer et faire le point de ce projet. Nadine a pu constater le bon fonctionnement du laboratoire.

30 examens de crachats ont été jusqu’alors réalisés dans de bonnes conditions de fiabilité.

3 se sont révélés positifs, soit 10%. Les malades sont maintenant traités et ils ne contamineront pas leur famille et leur entourage.

 Avenir du projet :

-Assurer la pérennité et la rentabilité de ce laboratoire

– Améliorer encore le service rendu aux populations de cette zone du Saloum (environ 20.000 habitants) par la réalisation d’autres examens biologiques, notamment pour le suivi des femmes enceintes.

-Poursuivre la communication, le suivi social et l’information auprès de la population des îles

-Améliorer les conditions de vie et d’hygiène  pour limiter l’incidence des maladies contagieuses.

Pour cela il est nécessaire d’enrichir la formation de la laborantine et de trouver des financements intermédiaires en attendant que la structure de Niodior soit autonome financièrement.

Dr Catherine Bouvier – Responsable du projet tuberculose