Objectif : instaurer dans le village de Bassoul une gestion des déchets

(tri, collecte, stockage, traitement des déchets biodégradables et destruction des autres déchets).

Assainissement gestion des déchets à Bassoul

Ce projet initié en 2009, après de nombreux échanges, a pris forme en 2010.

Fin juin 2010, Sylvie Bonnefoy chargée du suivi de ce projet, a pu constater que le lieu de stockage avait été borné et grillagé, que 2 charrettes neuves attendaient leurs ânes respectifs qui viennent d’être achetés. Les poubelles sont prêtes à être distribuées à la population. Il reste néanmoins quelques difficultés à résoudre quant aux contrats des 2 charretiers, liés à Vsf par un micro-crédit, lequel a permis l’achat du matériel, des ânes et la création des 2 emplois.

charrette neuve& Amadou boilo Barry

Août 2011 : le traitement des déchets ménagers initié par Vsf à Bassoul, après un très bon démarrage, est arrêté. Le ramassage est stoppé, des tensions entre les villageois ont vu le jour, 1 âne est mort, l’autre mal en point…

REUNION A BASSOUL LE MERCREDI 26 OCTOBRE 2011 à 15 H 45  De nombreuses chaises nous attendent à l’ombre de l’arbre à palabres. Nous nous installons, le chef de village à ma droite, Babou et Sérigne à ma gauche. Quelques hommes sont déjà là et des groupes de 2 ou 3 femmes commencent à arriver, en silence, avec précaution. Puis de plus en plus nombreuses, elles s’assoient un peu loin puis se rapprochent lentement et se réunissent autour de la trésorière. Enfin une multitude de femmes sort de partout et s’installe sans bruit, les yeux rivés au sol. Certaines tentent un regard prudent. La masse multicolore de leurs boubous donne couleur et volume à ce groupe qui s’amplifie. C’est très impressionnant, émouvant, solennel. Nous attendons la présidente qui se fait désirer. Rien ne bouge ! Elle arrive et s’installe d’autorité devant le groupe des femmes et nous fait face. Nous n’avons que 45 mn de retard. Je prends la parole, me présente, les remercie d’être venues à la réunion, leur dit ma joie de les voir si nombreuses, que VSF partage leur déception de « l’incident » de la mort de l’âne, et des difficultés que rencontre ce projet. La présidente nous renvoie formules de politesse et remerciements. Babou traduira toutes les interventions dans les 2 langues. Je veux connaître leur degré de motivation pour le ramassage. Je rappelle que le ramassage des déchets n’est pas obligatoire même s’il s’agit de leur vie au quotidien et de la santé de leur famille, mais qu’ils sont totalement libres de décider. Je ne poserai qu’une question: est-ce que le ramassage est vraiment important, que vous apporte-t-il, souhaitez-vous qu’il re-prenne? Elles commencent à parler entre elles et un brouhaha s’élève. Un bras, puis deux et une grande majorité de bras se lève, elles s’animent, se dévoilent. Nous avons notre réponse : les femmes tiennent vraiment à ce ramassage. Réunion Bassoul S.BonnefoyLa présidente Aminata parle longuement, puis une autre femme se lève et parle aussi. En bref, elles demandent pourquoi nous ne les avons pas intégrées dès le départ du projet de traitement des déchets. Babou répond que c’était notre intention, que nous aurions dû insister et que VSF regrette de les avoir offensées et souhaite réparation. Sérigne s’exprime et fait l’historique du projet. Le chef de village veut parler, le silence se fait. Il dit que VSF n’a pas fait d’erreur mais ne pouvait pas tout savoir, qu’il ne veut plus de tension entre les villageois et les exhorte à adhérer au projet. Nous sommes d’accord sur la proposition d’augmenter les salaires des charretiers pour qu’ils nourrissent bien les ânes et ne travaillent pas l’après midi. Nous faisons un rapide prévisionnel : 300 foyers cotisants min. x 300 FCFA (0,40€)= 90 000 FCFA moins 80 000 FCFA de salaires reste 10 000 FCFA pour rembourser le crédit et pallier aux réparations. Pour équilibrer le budget, la cotisation doit passer de 200 à 300 FCFA. La population accepte le principe de cette augmentation. Elle avait même décidé de racheter un âne à un villageois pour la somme de 35 000 FCFA avec leurs économies. Ils ont à cœur de se débrouiller seuls et de ne pas demander de rallonge à VSF, question d’honneur je crois. Je ne propose donc rien. Le micro crédit reste à 250 000 FCFA, il est remboursé chaque mois très régulièrement. Tout le monde semble satisfait, les sourires fleurissent sur les visages. La séance est levée. « Plus belle la vie » à Bassoul non?

Sylvie Bonnefoy

 

GESTION DES DECHETS DU VILLAGE DE BASSOUL  SUITE

REFLEXIONS SUR UN PROJET DE DEVELOPPEMENT NON ABOUTI

Octobre 2011

A la suite de la réunion qui avait permis de réunir la presque totalité des femmes du village en plus des hommes, ce qui est très difficile, l’espoir d’une reprise du ramassage des déchets était revenu. Les différents entre les hommes acteurs du projet et les femmes membres du comité de salubrité existant semblaient résolus, les femmes étant dès lors intégrées dans cette activité pour en assurer la gestion financière et administrative.

C’était sans compter les difficultés à venir.

 Un charretier a démissionné, préférant la pêche plus lucrative. Le ramassage ne se faisant plus que partiellement, les habitants n’ont plus voulu payer la cotisation et l’activité s’est arrêtée. J’espérais bien remotiver les troupes.

 Sauf que, Yekini, le champion de lutte du Sénégal natif et véritable vedette de Bassoul a perdu son match, ce qui a plongé le village dans le désordre et la démobilisation.

Sauf que, la pompe du forage est tombée en panne privant la population d’eau et générant une situation d’urgence grave. Les habitants ont beaucoup souffert, des animaux sont morts, sans compter les problèmes sanitaires. Le problème de l’eau a été partiellement résolu à ce jour avec une eau chère de très mauvaise qualité.

Face à un problème de survie comme l’accès à l’eau « presque potable », le ramassage des déchets est devenu secondaire.

Après de longues discussions avec nos partenaires sénégalais, VSF a pris la décision de ne plus relancer ce projet. Rien n’empêche ce projet de revoir le jour plus tard puisqu’il s’inscrira dans le temps non pas en urgence mais en développement durable et en terme de généralité géographique de tous les villages.

Nous avons à cœur de tirer leçon de nos erreurs, à savoir : 

         Travailler davantage avec les autorités compétentes sur site 

         Tenir compte des rivalités internes au village

         Intégrer davantage les femmes dans le projet

         Mieux évaluer les capacités d’investissement humain et financier 

         2 attelages c’est trop peu pour un grand village 

         Proposer des salaires suffisamment attractifs

Nous devrons mettre l’accent sur la communication, l’information des risques encourus par l’insalubrité, comprendre clairement leurs besoins et attendre leur demande.

Cela tombe bien c’est l’orientation que VSF a pris ces dernières années dans ses missions et son éthique.

Sylvie Bonnefoy le 8 octobre 2013