G et B Roué« Paroles de bénévoles » est l’occasion pour les bénévoles de Voiles Sans Frontières de parler de leurs expériences au sein de l’association. Pour ce premier témoignage, Geneviève et Bernard Roué ont accepté de nous raconter leur mission en novembre 2015. 

« Depuis longtemps, nous envisagions, au moment de la retraite, de nous impliquer dans une action humanitaire, éventuellement en Afrique et plus précisément à Madagascar. Le hasard a voulu que le bateau que nous avions acheté à cette période porte sur son étrave le magnifique logo de VSF.
Assez vite, nous décidons de nous renseigner sur l’association. Nous profitons d’une visite au salon nautique de Paris pour aller au stand VSF où nous avons le plaisir de discuter longuement avec Michel Huchet, le fondateur. Étant essentiellement en accord avec son éthique, nous participons à l’AG afin de mieux connaître l’association et ses CDTP 2016actions sur le terrain.

Nous sommes immédiatement intégrés et nous pouvons échanger, tant avec des navigateurs sur le départ, qu’avec des membres expérimentés qui répondent à toutes nos questions.
Habitant dans le Nord, nous sommes ensuite guidés par Max Wolffer qui nous propose de nous occuper du projet « Case des tout petits » du village de Diogane. Toutes les informations et conseils nécessaires à l’accomplissement de la mission nous sont fournis.
Nous partons de France par avion sur Dakar et nous embarquons sur Seaview, le catamaran de la famille Allisy, qui arrive des Canaries. Notre point de rendez-vous est le Centre Voile de Dakar (CVD). L’accueil à bord est d’une grande gentillesse. Manon met généreusement sa cabine à notre disposition. Elle se serrera avec Camille dans l’autre cabine.
Après quelques jours nécessaires à l’avitaillement et à la récupération physique de l’équipage, nous rejoignons le Siné Saloum en compagnie de Catapulte et de Siminoé.
Notre mission part du constat d’un manque de structure d’accueil pour les tout petits du village de Diogane. Les enfantsfemmes partent ramasser les coquillages et les huîtres, laissant sans surveillance les enfants qui ne peuvent être accueillis à l’école, faute de place ou ne répondant pas aux critères d’âge. C’est une réelle préoccupation qui nous est témoignée lors des échanges et qui correspond donc à un vrai besoin.

Le foyer des jeunes est dédié au projet. Il faut le réhabiliter et un mur d’enceinte doit lui être adjoint. Ce sont les 2 axes de notre mission. Nous devons par ailleurs envisager l’édification future de 2 autres bâtiments.

Dans un premier temps en effet, la case des tout petits accueillera les enfants âgés de 5 à 6 ans.
Arrivés sur Djirnda, Seaview se sépare des autres bateaux pour rejoindre Diogane, guidé par Seydou qui prend la barre. Nous arrivons à Diogane en fin de journée. Le lendemain, nous descendons à terre, immédiatement entourés par une nuée d’enfants qui saisissent nos mains en nous accueillant avec un grand sourire : « Bonjour, comment t’appelles-tu ? ». Nous sommes touchés et conquis par leurs bouilles malicieuses.
Puis nous allons saluer les anciens du village. Nous faisons ensuite la connaissance d’Ibé et de Salif, membres du Comité de Gestion, de Lamine, le maçon avec lesquels nous enfants dioganetravaillerons sur le projet de la CDTP.
Nous disposons d’un devis et d’un plan succinct. Nous devons reprendre et compléter le dossier, le finaliser et lancer la première tranche de travaux. Nous nous rendons sur place, prenons des photos, les cotes et notons nos
observations. Nous demandons un nouveau devis prenant en compte toutes les modifications (dimensions du mur d’enceinte, intégration d’un futur récupérateur d’eau de pluie (R.E.P.), réfection du toit du bâtiment et de la salle commune, parts de chantier prises en charge par le village et par V.S.F.). Le temps nous est compté. Nous discussion devisagissons dans l’urgence et dans la réflexion proactive avec « l’équipe » de Diogane.
Les échanges d’idées font émerger des intentions pérennes, telle l’étanchéité et la pente du toit, le film polyane à intégrer dans les fondations du mur d’enceinte afin de prévenir les remontées de sel. Le projet complémentaire d’un abri dans la cour extérieure pour les tout petits, sous forme d’une case que Salif prévoit de faire réaliser par les jeunes du village, met en relief la solidarité intergénérationnelle souhaitée autour du projet V.S.F.
Nous transmettons le devis à Max en France pour validation. Bernard se rend à Bassar en pirogue et récupère une partie des fonds. Le soir même, c’est à la belle étoile que Salif, Lamine et Bernard signent les devis. L’argent est remis en présence de Catherine Bouvier, médecin que nous avons connu à VSF Nord.
Lamine part le lendemain à Dakar pour recruter 5 ouvriers et lance la commande des matériaux. Son engagement : nous envoyer des photos aux différents stades d’avancement du projet. Nous regrettons seulement de n’avoir pas le temps de participer au convoyage des matériaux en pirogue.
Durant ces quelques jours, Geneviève rencontre également Diakhou Lô, infirmière du poste de santé, et s’entretient longuement au sujet des conditions difficiles de son métier : pas d’eau, ni d’électricité, un logement où il pleut autant à l’extérieur qu’à l’intérieur durant la saison des pluies.


Un entretien ultérieur avec Sophie autour des femmes nous apportera la conviction d’une grande solidarité mais aussi d’un courage exemplaire tant dans leur condition féminine que dans l’exercice difficile de leur métier : le ramassage des coquillages. Rires complices dans les échanges.
Nous avons hâte de revenir à Diogane pour finaliser le projet de la case des tout petits pour lequel les femmes nous font part avec enthousiasme de leur grande gratitude envers V.S.F.
Nous quittons le village avec l’assurance d’avoir lancé le projet et la conviction d’avoir établi des liens de confiance et d’amitié avec les représentants et la population. »

Geneviève et Bernard ROUE