MISSION VSF 15 au 29 NOVEMBRE 2014

VILLAGES DE BASSAR ET BASSOUL

d’après les rapports de mission d’Elodie Sarrazin, Audrey Floris et Yannis Gace

L’équipe :

Jean-Baptiste Vasse coordinateur général, Seydou Sene  coordinateur local, Gace Yannis skipper / coordinateur/ infirmier, Sarrazin Elodie sage-femme, Floris Audrey infirmière / intendante, Ntankeu Adrienne responsable projet albinos, Tapha Pouye médecin, Boubacar Diatta dermatologue, Lasarte Jean-Jacques monteur video à bord de Ouf’Enfin et son assistant Jérôme Buton 

Dpt Dakar

 

Arrivés le jeudi 13 novembre à Dakar, les 2 premiers jours ont été consacrés à finaliser la préparation de Yobalema : chargement de la réserve en eau douce, des courses alimentaires et des livres scolaires puis rangement du bateau en vue de la navigation. 23h: ça y est c’est le grand départ à bord de Yobalema! Direction le Sine Saloum. Nous atteindrons Bassar le lundi 17 novembre.

 

 

case de santé Bassar

Mardi 18 Novembre : rencontre avec le Chef du village et les membres du Comité de Santé. Tout ce petit monde n’a pas l’air très enthousiaste à l’énoncé de notre projet. La réfection du Centre de soins de Bassar a déjà fait l’objet de plusieurs études pour lesquelles nous n’avons pas réussi à trouver de financements. Ils ont déjà réalisé de nombreux devis… sans résultat. Ils semblent découragés. Anciennement, le village de Bassar était doté d’une case de santé où officiait une matrone qui assurait les accouchements : Seynabou Senghor, en poste depuis 1977 qui y travaille encore aujourd’hui . En 2003 débute la construction de l’actuel poste de santé, en 2006 l’ancienne case est abandonnée. Le premier ICP, Youssoupha Kassé y sera nommé en mai 2008, El Hadj Sarr prendra sa relève en avril 2011.

 

Vendredi 21 Novembre (Elodie SarazinJe m’entretiens avec Oumy, la dépositaire de la pharmacie et Seynabou pour avoir leur avis sur l’agrandissement du poste de soins. « Il n’y a pas assez de chambres. Les malades sont dans la même pièce que les accouchées.Ce n’est pas bien pour les bébés. On ne peut pas faire les consultations en même temps que les accouchements car la salle d’accouchement n’est pas isolée et tout le monde entend ce qui s’y passe. Nous avons besoin d’une nouvelle maternité avec une salle d’accouchement, une salle de travail avec une table d’accouchement, une grande lumière, une salle de suites de couches avec 3 ou 4 lits, des sanitaires et un bureau avec un ordinateur. On manque de matériel : tabliers, pinces et ciseaux pour l’accouchement, tensiomètre et stéthoscope, thermomètre, spéculums en métal, compresses, gants, ballon pour ventiler le bébé … On manque de médicaments. »

 

Mercredi 19 Novembre

Retour rapide sur « Yobalema », le temps d’une douche salée avant de rejoindre le reste de l’équipe enrichie de 2 nouveaux membres (Tapha et Boubacar, 2 médecins venus de Dakar), pour la diffusion du film La Pirogue précédée de quelques courts-métrages sur les IST et le VIH. Sensibilisation et dépistage HTA / Diabète : 130 personnes participeront à ce dépistage.

 

 

Samedi 22 Novembre. Départ pour Bassoul où nous retrouvons Jean-Jacques et Jérôme, duo atypique d’Ouf’Enfin, un autre bateau VSF. Ils vont nous accompagner tout au long de cette nouvelle semaine. Nous partons chez le chef du village pour les habituelles présentations. Cette journée est consacrée aux albinos. Il y en a une quinzaine à Bassoul. Chaque enfant est vu en consultation par le Dr Diatta. Les quelques lésions observées semblent bénignes. Adrienne s’entretient avec les familles. Les petits albinos reçoivent un kit comprenant une paire de lunettes de soleil, une crème solaire protectrice et une crème hydratante amenés par Adrienne. La journée s’achève sur la diffusion du film « Blanc et Noir – Crimes de couleur » relatant l’assassinat des populations albinos en Tanzanie.

 

 

 

 

 

Mardi 25 Novembre matin : Sensibilisation HTA/Diabète au poste de santé de Bassoul. Après-midi : retour à Bassar avec Jean-Jacques et le poupon «Mamadou Senghor» afin de travailler sur la réanimation du nouveau-né avec Seynabou.

 

 

Mercredi 26 Novembre : travail à la case des Tout Petits. Elle comprend 3 classes, soit 72 élèves au total, âgés de 2 à 6 ans. Nous organisons un atelier pour les sensibiliser à l’importance du lavage des mains et la propagation des maladies par ce vecteur. Nous utilisons pour cela des paillettes appliquées sur nos mains qui se retrouvent sur chacun d’entre eux après nous avoir dit bonjour.

 

Sensibilisation avec les élèves du collège de Bassoul sur les grossesses précoces et les infections sexuellement transmissibles. Bassoul a gardé certaines traditions. En effet les femmes du village ne peuvent pas se marier en dehors du village et sont parfois mariées très jeunes (vers 16 ans) avec un cousin… les mariages arrangés sont encore très fréquents ici. La consanguinité est donc importante. Nous avons basé notre intervention sur un film d’animation ivoirien « AYA ». L’histoire se déroule à Abidjan dans la fin des années 70. Il relate la vie de 3 jeunes filles âgées de 19 ans. Aya, la plus sérieuse des 3 rêve de devenir médecin tandis que les deux autres n’ont pour seul objectif que d’épouser un homme riche qui subviendra à leurs besoins. Elles enchaînent les relations avec de multiples partenaires et l’une d’elle tombe enceinte… Nous avons projeté le film aux élèves qui devaient répondre à la fin du film à quelques questions sur les comportements à risques, la contraception, grossesses précoces et ses conséquences (déscolarisation, précarité, …), le cycle menstruel, les IST, la responsabilité partagée hommes/femmes, le viol, les mariages arrangés, autorité parentale et libertés…

 

Jeudi 27 Novembre …(Elodie Sarazin) En fin de matinée, je reçois un appel de Seynabou. Elle vient de recevoir une primipare à 7cm et aimerait que je sois présente. (El Hadj est en formation à Foundiougne). Je prends donc le chemin de Bassar. A mon arrivée, Seynabou et Khady (la 2ème matrone) sont avec la jeune patiente, Issatou, 21 ans. Je suis ravie de pouvoir enfin travailler avec Seynabou. On va pouvoir mettre en application les choses apprises la semaine précédente ! Mais rapidement, Seynabou disparaît, suivie de Khady, me laissant seule avec cette jeune fille avec laquelle je tente de communiquer tant bien que mal à l’aide de regards et de signes, essayant de la rassurer au mieux. Une heure et demie plus tard, je retrouve Seynadou et lui explique que le but est de travailler ensemble et non pas que je fasse à sa place. Nous réalisons le partogramme et je lui donne quelques conseils pour que le bébé descende plus vite. A 13h45, Issatou va donner naissance sans un bruit, à un beau petit garçon de 2800g…